J’ai pas mal hésité avant de rédiger cet épisode, dans une période électorale aussi sensible, au moment où j’enregistre nous sommes dans l’entre 2 tours des élections législatives, mais je me suis dis que, justement, faire le point déjà sur ce que dit la loi sur le faire de parler politique au travail, et puis peut-être aussi lister quelques conseils sur comment en parler, quelles limites respecter, etc.. pouvait être utile et intéressant.
Parce qu’il est vrai, Tout le monde en parle, et pourtant le sujet reste tabou. La politique demeure un terrain glissant que certains cherchent à éviter.
Un sondage LinkedIn de 2022 montrait que 51% des employés déclarent possible de parler politique au bureau “avec diplomatie”. Mais la peur d’être mal vu, de se voir freiné dans sa carrière ou de subir du rejet reste grande. Selon ce même sondage, 34% des employés se disent prêts à dissimuler leurs véritables opinions pour se faire accepter par les collègues ou leurs supérieurs.
Et c’est normal, en dehors de certains secteurs dans lesquels la politique est un élément central (journaux d’opinion, associations engagées, etc.), il n’est pas évident de se trouver uniquement face à des collègues qui partagent notre point de vue. Et en plus, rien ne nous oblige à tout dire de soi à ses collègues.
Donc effectivement, d'un côté, la liberté d'expression est un droit fondamental et il peut sembler naturel de pouvoir discuter de ses convictions politiques avec ses collègues. De l'autre côté, l'environnement professionnel doit rester un lieu neutre et apaisé, où chacun se sent respecté et à l'aise, quelles que soient ses opinions politiques.
Ce que dit la loi
Commençons par le début : que dit la loi ?
Celle-ci est très claire. Sur son lieu de travail, un salarié bénéficie de la liberté d’expression. Un principe protégé par la Convention européenne des droits de l’homme et le Code du travail. Un licenciement justifié par une prise de position politique est considéré comme nul. Cette atteinte à la liberté d’expression peut conduire à 3 ans d’emprisonnement et à 45.000€ d’amende pour l’employeur.
Cependant, il y a certaines limites. Déjà, la loi est tolérante sur l’expression de ses opinions politiques tant qu’elle ne nuit pas à la sécurité et au bon fonctionnement de l’entreprise. En gros, tant que cela se fait sans le respect et le calme. Ensuite, le prosélytisme est interdit : un employé n’a pas le droit de déposer des tracts ou d’envoyer des mails politiques ou syndicaux mettant en avant ses opinions politiques au sein de la société.
Les conseils à suivre
Alors, que faire pour gérer ce sujet au bureau ?
On peut être team “j’ai envie de pouvoir en discuter”, ce que se comprend parfaitement, car, au-delà du côté “touchy” du sujet, parler politique peut être stimulant intellectuellement, permet d’échanger différents points de vue, de mieux comprendre les autres, de s’engager dans des causes, ou encore permet de créer des relations plus profondes avec les collègues, de mieux se connaitre.
A contrario, on peut être dans la team “je préfère ne pas en parler”. En effet, on peut considérer, et c’est notre droit, que notre avis est personnel, on peut avoir envie d’éviter de créer des tensions ou des conflits, on veut rester sur un terrain neutre et ne pas mettre mal à l’aise les autres, ou encore on peut avoir peur que cela impacte la façon dont on sera perçu.
Que vous soyez team “pro” ou team “contre” parler politique au bureau, voici quelques conseils à suivre :
Choisissez le bon moment et le bon endroit. Ne parlez pas politique pendant une réunion importante, avec un trop grand nombre de personnes autour. Tendez une perche et voyez si ça “prend”. Si le gens autour de vous changent de sujet, ou se sentent mal à l’aise, pas besoin d’insister.
Restez ouverts aux opinions des autres. C’est la clé pour parler politique au bureau. Même si vous êtes en désaccord avec quelqu'un, même s’il a une vision opposée à la vôtre, il es l’important est de respecter l’avis de l’autre. Vous avez le droit de vous exprimer, l’autre aussi. Si vous savez que vous êtes trop émotifs sur le sujet, il vaut mieux s’abstenir.
Prosélytisme interdit : vous avez le droit de donner votre opinion, mais essayer de convaincre les autres est mal vu, voire même illégal. La politique est un choix personnel.
Posez des questions : la meilleure façon de parler politique reste encore d’écouter les autres, et de chercher à les comprendre. Posez des questions ouvertes, essayez de vous placer sous l’optique de l’autre. Cela peut d’ailleurs s’appliquer à d’autres sujets hors politique : négociation commerciale, problématique entre différents services, etc..
Savoir éviter le sujet : on vous demande votre avis sur le dernier débat ? N’hésitez pas à indiquer clairement que vous ne voulez pas en parler. Et si jamais vous tombez en plein milieu d’une conversation animée, vous pouvez vous éclipser discrètement. Des phrases simples comme “je préfère garder mes opinions politiques personnelles” ou “je ne souhaite pas en parler” sont tout à fait normal. n’ayez aucun scrupule à poser vos limites.
Conclusion
En conclusion, parler politique au bureau est tout à fait autorisé. Il est important de faire preuve de bon sens et de respecter les autres. Si vous décidez de parler politique au bureau, faites-le de manière constructive et respectueuse.
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