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J'ai "raté" ma 1ère expérience d'entrepreneure

Je mets des guillemets à "ratés", parce qu'en fait, c'est une bonne nouvelle. 😉



Introduction

Pourquoi j'ai envie de vous parler de ça 👇:

  1. je sais à quel point changer de métier, se lancer dans un nouveau projet, prendre des risques, ça peut être source de peurs. Et j'ai envie de te rassurer : pour moi s'il y a échec, c'est qu'il y a eu essai. Et ça c'est génial. Comment veux-tu gagner si tu ne joues jamais ?

  2. je pense que vous ne connaissez pas forcément mon parcours de vie. Donc j'ai envie de vous en partager un petit bout aujourd'hui, de lever le voile sur ma propre carrière. 👋


Contexte

Pour commencer, il faut revenir en 2018. A l'époque, j'étais dans ma 8ème année de CDI au sein du leader mondial de la réservation d'hôtels en ligne. C'était ma première entreprise. J'avais commencé avec un petit poste en CDD à la sortie de mes études en arrivant à Paris. J'étais ensuite devenue commerciale. J'avais participé à l'ouverture d'une nouvelle antenne à Bordeaux où j'avais déménagé. J'étais devenue manager. Et depuis un peu plus d'un an, j'avais rejoint le Canada et je travaillais à l'antenne de Montréal. C'était une boîte dans laquelle je me suis beaucoup épanouie, où j'ai beaucoup appris. C'est une boîte qui avait une culture d'entreprise dingue, qui mettait beaucoup de moyens au service du bien-être des employés, à la qualité des outils, à la formation des managers. Vraiment, je suis très chanceuse d'avoir pu commencer ma vie professionnelle là-bas.


Bref, ça roulait.


Mais petit à petit, sur les derniers mois, je commençais à me poser pas mal de questions. Dans un coin de ma tête, il y avait un truc où je me disais :

  • "Est-ce que je suis bonne que dans cette boîte ?" Comme c'était mon premier employeur, je n'avais pas de base de comparaison sur la qualité de mon travail. Je me disais, peut-être que je suis bonne qu'ici,

  • "J'aimerais bien tester autre chose, je suis encore jeune".

  • Je voyais aussi un shift dans l'organisation de la boîte, l'esprit ultra dynamique et start-up commençait à s'effriter. La direction du groupe avait changé, et ça devenait petit à petit un peu plus mécanique dans la façon de voir l'activité.

  • Il y avait aussi Montréal. La ville, elle était sympa, mais je n'avais pas créé un vrai réseau amical, j'avais du mal à m'y sentir chez moi.


Et puis, il y avait aussi le côté entrepreneuriat. Je me demandais ce que ça pouvait être de créer sa boîte de A à Z. J'étais attirée par le côté challenge, de créer de la valeur soi-même.


L'idée du kombucha
Mes premiers batchs de kombucha :)

Les semaines passent, je réfléchis, je commence à avoir quelques idées de business, je ne sais pas trop. Et puis je prends l'habitude, à Montréal, dans mon bar à salade préféré qui s'appelle Mandy's, si jamais vous allez à Montréal, je vous le recommande 🥗. Bref, avec ma salade, je commandais toujours une bouteille de kombucha. Pour ceux qui ne connaissent pas forcément, le kombucha, c'est du thé fermenté, pétillant, légèrement amer, riche en probiotiques, et délicieux. Et je me dis, wow, ramener ça en France, ça commençait à peine à se développer, ce serait super. Et donc, un peu en dilettante, à côté du taf, je commence à fabriquer mon propre kombucha.



Et là, arrive un jour où mon chef m'annonce qu'il part. 🤯🤯🤯


La prise de décision

Mon chef était le responsable du bureau de Montréal, donc le plus haut gradé du bureau. Et il m'annonce que j'étais dans son plan de succession. Ce qui signifie que, bien que j'ai à passer les entretiens, il y avait de fortes probabilités que je prenne sont poste si jamais je le voulais. Et là, je me suis dit, je fais quoi là maintenant ? 😨

Je vous passe les détails, mais avec mes doutes, mes envies, l'entrepreneuriat, Montréal, etc. Je décide de ne pas postuler. Parce que je me suis dit, "si je postule et si j'ai une poste, je vais rester encore deux ans ici, minimum. Je ne vais pas partir alors que je prends un nouveau poste, à Montréal où je ne me sens pas très bien, dans la même boîte qu'avant, etc". Donc, je décide de tout plaquer. Et de rentrer en France pour lancer mon idée de kombucha.


Le saut dans le vide

J'y suis vraiment allée comme une fleur, c'est-à-dire que j'ai démissionné. Pas de chômage, pas de prime de départ, pas de sécurité, rien. Ça déjà, c'est la première erreur du parcours.

C'est un conseil que je vous invite à ne pas suivre ! 😂


Arrivée en France, je cherche vite un CDD pour mettre des sous de côté, et cotiser pour avoir un petit peu de chômage, tout en mettant en place mon business plan pour le kombucha. Je me fais embaucher assez rapidement chez le numéro 1 du e-commerce français, Cdiscount. Un CDD de 6 mois, payé moitié moins que ce que j'avais à Booking, mais ce n'était pas grave, c'était temporaire. Je fais mon business plan avec la CCI, je commence à travailler mes recettes, j'achète un petit peu de matériel, et puis je commence à vendre quelques bouteilles de kombucha à côté du bureau.


A la fin des six mois, mon boss me propose un CDI, que je refuse, pour me mettre à fond sur le kombucha. Il faut savoir que toute cette période des six mois, mon projet c'était un peu le running gag du bureau. C'était un produit un peu inconnu, tout le monde attendait le moment où j'allais lancer ma marque et où ça commencerait à prendre. Tout le monde me soutenait, ce qui était très cool, mais comme ils ne connaissaient pas trop la boisson, ça faisait un peu rire. C'est normal.


Les mois passent, j'ai un peu du mal à trouver le bon rythme, la bonne production, je commençais à regarder aussi si je pouvais louer des espaces pour faire ma production. Et six mois, ça passe très vite. Et on arrive fin 2019, fin de chômage pour moi. Et là, ça ne va pas le faire, il faut que je reprenne un CDI.


Retour au travail

Cdiscount est OK de me réengager. Donc ça, c'est super. En tant que responsable, donc à peu près un équivalent de ce que je faisais à Booking, et en CDI. Je vais pouvoir avoir un peu plus de temps, je suis partie trop tout feu tout flamme, ce qui était ma deuxième erreur que je ne vous conseille pas si vous voulez lancer votre projet d'entrepreneuriat : montez d'abord le projet, faites tester votre première idée, et si vous voyez que ça marche, là vous pouvez tout lâcher et vous y mettre à fond. Ça aurait pu fonctionner dès le départ, c'était un peu ambitieux quand même.


Sauf qu'on était fin 2019, début 2020. Et vous savez ce que cela veut dire ? Coronavirus. Début 2020, on est confiné. Les restos vont fermer, les gens ne vont pas acheter un truc qui n'est pas de première nécessité. Je réalise que ce produit que j'ai envie de lancer, il n'est pas utile et ça me gêne. Et je n'y avais pas réfléchi avant. C'est vraiment, je pense, avec l'arrivée du coronavirus, que je me suis dit que j'avais besoin de faire un truc utile. Tout le monde commençait à se battre pour du PQ et des paquets de pâtes. Et moi, j'arrive et je vends du thé fermenté. Ce n'était pas du tout l'idée.


Je mets le projet de kombucha en stand-by, afin de réfléchir le temps que le Covid passe. Donc, il y avait effectivement ce premier point de "service". Et puis, il y avait ce truc aussi de répétition. En fait, quand on fabrique un produit alimentaire ou une boisson, on fait toujours la même chose. Moi, ce qui me faisait kiffer, c'était de préparer les recettes. C'était de réfléchir au goût que j'allais mettre dans mon kombucha, à faire des expérimentations, à tester, etc. Mais faire tous les jours exactement la même production, de la même façon, avec les mêmes doses, au gramme près, etc. C'était beaucoup trop routinier pour moi. Ce n'était pas un plaisir du tout.


En parallèle de ça, chez Cdiscount pendant le Covid, on travaillait beaucoup, j'étais un peu épuisée. Et je commençais à me dire, il y a un truc qui ne me va pas non plus dans ce côté e-commerce, parce que finalement, que ce soit mon premier job ou celui-ci, j'étais encore dans la consommation.


Changement d'avis

Et donc, petit à petit, je suis arrivée à la fin la conclusion que le kombucha n'est pas pour moi. Ce qui me faisait kiffer, c'était d'accompagner les gens. C'était d'aider mes équipes à rester motivées pendant le Covid, de favoriser leur développement, de les aider à trouver des idées de métiers qui pourraient leur plaire, de les conseiller sur leurs prochaines envies et tout.


C'était ça, ma voie.


J'ai tout arrêté sur la partie kombucha, j'ai revendu mon matériel, j'ai fermé les réseaux sociaux que j'avais pu lancer, j'ai tout fait disparaître. Ce qui était assez drôle, c'est que pendant très longtemps après ça on m'a demandé comment avançait mon projet de kombucha, et ce n'est pas forcément facile d'admettre qu'on arrête son projet et d'admettre que le kombucha dont je parlais, c'est fini. Bien que ce ne soit pas forcément facile à vivre, mais j'ai eu beaucoup de chance. J'ai été entourée de plein de gens positifs et bienveillants. On le prenait à la rigolade. C'était vraiment... Il y avait ceux qui me disaient, "bon c'est vrai que c'était un peu foufou ton histoire de kombucha", et puis il y avait ceux qui me disaient, "bah écoute, t'as essayé et c'est tant mieux et tout".


Pourquoi est-ce que c'était important pour moi de vous partager cette petite histoire, c'est que j'ai appris des choses grâce à ça. Si je n'avais pas sauté le pas pour monter cette entreprise, si je n'avais pas essayé de lancer ma marque de kombucha, je n'aurais pas réalisé que ce n'était pas pour moi. Ça serait toujours resté dans un petit coin de ma tête. Le deuxième truc, c'est que c'est grâce à ça que j'ai pu réaliser que c'était l'accompagnement et le service aux personnes, en fait, qui me tiraient vers le haut, que je détestais la routine et que j'avais vraiment besoin de contacts humains et de relations interpersonnelles. C'était vraiment ça, ma kiff, quoi, dans la vie. Donc ça m'a permis de me réaliser, c'est le premier truc. Deuxième truc, de sortir, en fait, d'avoir l'excuse de lancer ce projet. C'est ce qui m'a fait aussi quitter ma première boîte, qui m'a permis d'aller dans une autre boîte, de rencontrer d'autres gens. de m'ouvrir les chakras sur une autre façon de travailler, sur un autre métier, et d'apprendre donc plein de nouvelles choses.


Cela m'a aussi montré qu'être son propre patron, c'était plutôt cool pour moi. J'aurais pu réaliser que j'avais besoin du salariat et finalement, me rendre compte que gagner un peu moins d'argent vivre avec un autre rythme de vie c'était pas gênant, j'étais à l'aise avec ça. Etre solopreneur n'était pas un frein pour moi.


Pour conclure :
  1. Ne vous jetez pas dans le vide sans sécurité financière. C'est un peu osé, voilà. Donc moi j'avais de la chance, j'ai pu habiter chez mes parents par exemple quand je suis revenue du Canada, et j'avais un petit peu de côté parce que je gagnais très bien ma vie et du coup ça m'a permis de tenir jusqu'à ce que je trouve un job. Mais de ne pas avoir le chômage, c'est quand même très inconfortable. Et puis plein d'autres petits trucs qu'il faut aussi prendre en compte. Donc ne vous jetez pas à fond comme ça dans le vide.

  2. Essayez de tester votre idée avant de le faire. Je vais d'ailleurs, je pense, développer un petit programme, spoiler, un petit programme pour vous aider à tester votre idée d'entrepreneuriat avant de quitter votre CDI.

  3. Et troisième chose la plus importante, il y a forcément du bon à tirer d'une expérience. Quand je disais j'ai "raté" ma première boîte, parce que c'est vrai, mais j'ai appris tellement en fait, j'ai l'impression d'avoir eu plusieurs vies. Finalement ce parcours pour moi c'est d'une richesse et d'une chance incroyable et je suis très très reconnaissante de cette petite période de ma vie.

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